L’ARCHITECTURE
Depuis le milieu du XVIIIeme l’église abbatiale a perdu sa forme de croix latine, corps symbolique du Christ, et ne survit plus aujourd’hui que par son chœur.
Plusieurs similitudes avec la cathédrale de Troyes démontrent que l’abbatiale de Lagny est de style gothique champenois.
Le chœur est composé de trois travées droites à doubles collatéraux, suivis d’une travée oblique qui se raccorde à une abside à 5 pans contournée par un déambulatoire sur lequel s’ouvrent 5 chapelles rayonnantes. L’originalité du chœur de l’abbatiale tient, outre les chapelles biaises qui terminent les collatéraux extérieurs, à l’alternance de chapelles de profondeurs différentes.
L’élévation de l’édifice est divisée en trois niveaux : les grandes arcades en tiers point, le triforium à clairevoie et les fenêtres hautes réduites au minimum.
Deux gros piliers cantonnés de 18 colonnes marquent le début du transept inachevé. Douze piliers, chiffre symbolique, soutiennent les forces de la voûte quadripartite de plan rectangulaire. Les corbeilles des chapiteaux sont ornées de bourgeons enroulés typiques du XIIIeme siècle.
Eglise orientée suivant la tradition, les vitraux situés au nord concernent des scènes de l’Ancien Testament, alors que ceux situés au sud traitent du Nouveau Testament. Posés entre 1865 et 1875 ils sont l’œuvre du maître verrier Claudius Lévêque. Les vitraux de la chapelle de la Vierge ainsi que ceux consacrés à des saints régionaux furent mis en place entre 1950 et 1956 et sont l’oeuvre de Calixte Poupart. Les vitraux de la chapelle de la Vierge sont les produits d’une collaboration avec René Martine.
Enfin, le mur ouest porte encore des vestiges de la nef du Xllème siècle.
Parmi les tableaux que l’on peut admirer deux méritent une attention particulière : une peinture sur bois du XVIIème et « La descente du Saint Esprit » situé dans la Chapelle axiale. Ce tableau aurait été offert par Louis XIV à l’église saint Furcy lors d’un passage à Lagny.
L’HISTORIQUE DE L’EGLISE ABBATIALE
C’est sur l’emplacement d’un monastère édifié au milieu du Vllème siècle par saint Fursy, moine Irlandais, que fut construite l’église abbatiale. Le comte de Vermandois Herbert II, aidé par le roi Hugues Capet en fut le promoteur. Dédiée à saint Pierre, saint Paul et aux saints Innocents, l’église fut dédicacée en 1019 par Léothéric, archevêque de Sens.
Les foires créées à l’instigation des comtes de Champagne firent de l’abbaye une des plus riches de France.
Leurs revenus permirent aux abbés qui se succédèrent, de pourvoir aux nécessaires réparations dues à des causes diverses.
C’est ainsi qu’il fallut financer la reconstruction du chœur détruit par le terrible incendie de 1184.
Les travaux s’engagèrent sur la base d’un projet grandiose, mais pour des raisons inexpliquées, restèrent inachevés. Le chœur du Xlllème siècle et une amorce de transept vinrent s’abouter à la nef du Xllème siècle. L’ensemble mesurait alors, environ, 110 mètres. Les travaux donnèrent lieu, en 1205, à une nouvelle dédicace par Eudes de Sully, évêque de Paris.
Mal entretenue, l’église fut amputée de ses 11 travées de nef. En 1750 le clocher actuel vint fermer l’extrémité occidentale du choeur, pur gothique champenois, que le visiteur admire aujourd’hui.
D’importants travaux de restauration eurent lieu à partir du milieu du XIXème siècle : la voûte du vaisseau central fut refaite en carreaux de plâtre, les verrières remplacées, un parquet fut posé à la place du dallage et une nouvelle consécration marqua l’achèvement des travaux.
L’église abbatiale fut classée monument historique le 10 juillet 1886.
Parmi les personnages importants qui vinrent à l’abbatiale, Jeanne d’Arc, qui aimait s’y recueillir, laissa un souvenir indélébile. Mêlant ses prières à celles des jeunes filles de la ville, elle obtint la réanimation d’un enfant qui était mort sans avoir été baptisé. Après le sacrement du baptême, l’enfant mourut et put être enterré en terre sainte.
Le nom de « Notre-Dame des Ardents » remonte au Moyen Age. Après avoir sévi en 1033 et décimé le tiers de la population, le mal des ardents, encore appelé « feu de saint Antoine » reparut en 1127. La population se précipita en masse à la chapelle de la Vierge et obtint par ses prières l’arrêt du mal. Depuis ce jour, la chapelle en premier lieu, puis l’abbatiale, furent appelées par ce nom. En souvenir d’une dévotion séculaire, le
Souverain Pontife, sollicité par Mgr Debray, permit à l’abbatiale, en 1950, de retrouver son nom de « Notre-Dame des Ardents et saint Pierre » perdu à la Révolution.