Historique AMO

RETOUR SUR UNE DES PLUS ANCIENNES ASSOCIATIONS CULTURELLES

DE LAGNYSUR-MARNE

ASSOCIATION MUSIQUE ET ORGUE

 

En 1960, l’orgue de l’église Notre-Dame des ardents de Lagny-sur-Marne était très délabré. C’était un petit instrument comme il y en avait tant en banlieue parisienne, datant de 1876, bien incapable de remplir la grande nef de l’église et sur lequel il était impossible d’interpréter le grand répertoire de la musique d’orgue.

Sur le conseil de maître André Marchal, organiste de l’église saint Eustache à Paris, un premier travail de restauration et d’agrandissement a été réalisé par Alfred Kern de Strasbourg, qui augmentait notoirement les possibilités de l’orgue.

Mais, il s’avéra très vite que, malgré les améliorations, il était bien trop petit par rapport au volume de l’église.

A la demande de l’abbé Claude Drion, curé de la paroisse, Jacques Hennion (organiste titulaire) rassemble toutes les personnalités intéressées par l’enrichissement du patrimoine culturel de la ville, fortement encouragé et soutenu par le Maire René Lallemant, tous ensemble, créent l’association « Musique et Orgue », elle est inscrite au J.O. du 2 décembre 1971. C’est Ivan Péchès membre de l’Académie des sciences, qui en devient le premier président, puis, Pierre Hasquenoph, musicien compositeur et producteur à Radio France, puis Guy Garcin, physicien ingénieur au C.E.A.

Nous étions en pleine période de renaissance de l’orgue en France. La mode était à la musique baroque ; les nouveaux microsillons nous faisaient découvrir de magnifiques instruments grâce aux enregistrements de Marie-Claire Alain. Des restaurations, des reconstructions, des instruments neufs fleurissaient partout ! les concerts faisaient le plein !

Dès lors, l’organiste de Lagny et son homologue de Mitry-Mory, Jean-Paul Gipon, réfléchissaient afin de définir le type d’orgue qu’ils souhaitaient pour l’abbatiale.

Après des voyages à l’étranger et beaucoup de consultations, ils établirent un cahier des charges , tandis que Guy Garcin s’immergeait dans le Don Bedos, (la Bible des facteurs d’orgue).

Après avoir comparé plusieurs devis, il est décidé de faire appel à Jacques Petit-Falaize pour la réalisation du projet, c’était lui qui adhérait le mieux à ce que nous voulions.

Nous entrons alors dans une longue phase de démarches administratives et techniques : préparation de dossiers pour les architectes, plan du buffet, dessiné par Guy Garcin, etc.

Trois aspects sont à considérer : la modification de la tribune, c’est la paroisse qui s’en occupe et qui demande à l’entreprise Plumard de Lagny de réaliser le travail. Le démontage du buffet et la construction d’un buffet neuf davantage en accord avec le style du nouvel orgue : c’est l’association « Musique et Orgue » qui assure ce travail avec la participation d’une équipe d’amateurs bénévoles coordonnée par Guy Garcin. Et enfin, la réalisation d’un instrument neuf dans les ateliers de Jacques Petit-Falaize dans les Ardennes.

Le financement malheureusement très insuffisant, est assuré, en partie, par la paroisse, par l’association et par la mairie. Tout le matériel ancien est récupéré et treize jeux neufs sont fabriqués dans les ateliers de Librecy.

Au printemps 1981, le grand orgue est brillamment inauguré par Maître André Isoir, organiste à Saint Germain des prés à Paris.

Tandis que les travaux à la tribune de Lagny s’achèvent, l’orgue historique de Mitry-Mory est restauré par la maison Haerpfer et l’orgue de la cathédrale de Meaux par le maison Gonzalès.

Il y a donc, dans un périmètre très restreint, trois instruments répondant à trois esthétiques bien précises : Baroque allemand pour Lagny, Classique Français pour Mitry-Mory et Symphonique pour Meaux. Riches de cette opportunité, les trois organistes : Jean-Paul Gipon pour l’A.R.O.E.M., Jacques Hennion pour « Musique et Orgue » et René Peneau pour Valeran de Heman décident de jumeler les trois associations pour créer l’ACADEMIE INTERNATIONALE D’ORGUE D’ILE DE FRANCE ; Cette association reçoit les meilleurs maîtres de stage de l’époque : Michel Chapuis, Marie-Claire Alain, Lionel Rogg, Gaston Litaize etc. Les stagiaires viennent nombreux de tous les pays d’Europe et tournent d’un orgue à l’autre ; c’était une très grosse organisation, l’ambiance était électrique.

Mais la concurrence se développant dans toute la France, l’académie a cessé son activité en 1990. Au cours des deux dernières années une classe de clavecin était proposée avec Huguette Dreyfus et Blandine Verlet.

Cette académie a laissé un très grand souvenir pour beaucoup d’organistes, elle a grandement contribué à la bonne réputation de notre instrument.

Durant toutes ces années, l’association « Musique et Orgue » n’a jamais cessé ses activités : Cela représente trente ans de concerts d’orgue, à raison de trois par an cela représente environ cent concerts au total.

Ces cent concerts ont permis à quantité d’organistes de se faire entendre et apprécier ; et ils ont aussi fait découvrir énormément de musique à un public malheureusement souvent très peu habitué à la musique d’orgue qui, pourtant, a nourri tous les grands musiciens des siècles passés.

L’association a aussi assuré une présence matérielle à la tribune : surveillance de l’éclairage, nettoyage ; elle signalait également au facteur d’orgue les points qui méritaient d’être vérifiés, ce qui faisait gagner du temps pour les interventions, et elle essayait, dans la mesure du possible, de synchroniser la date des concerts avec les dates de passage de Jacques Petit-Falaize.

Disons pour terminer que l’association, grâce aux dons de ses bienfaiteurs et à sa bonne gestion, a doté l’orgue de nouveaux jeux dont le plus grand de l’instrument (un principal de 16 pour la pédale) assied tout l’édifice sonore sur des basses solides, un peu comme les contrebasses de l’orchestre symphonique. Le plus long tuyau de ce jeu mesure plus de cinq mètres de hauteur et pèse 80 kilos.

En revenant rétrospectivement sur les quarante ans de l’association, nous sommes fiers d’avoir permis à la ville de Lagny de posséder un des plus beaux instruments de l’Est de l’Ile de France et d’avoir pu donner aux cérémonies religieuses un éclat sans égal. Nous avons aussi donné l’occasion, au cours de visites que nous organisons dans le cadre de la journée du patrimoine, à un large public, de découvrir le secret du « Roi des instruments ».

Résumé historique rédigé par Jacques Hennion pour le 40ème  anniversaire de l’association en 2012